samedi 5 mai 2012

Recycler les vieux archétypes

En cette période sombre où l'écologie a vu sombrer dans l'esprit du peuple sa plus illustre représentante, Gustave Borjay s'affirme en éco-citoyen en vous proposant une nouvelle forme de recyclage, celle des vieux archétypes. Les plus malins d'entre vous n'auront pas manqué de faire le lien avec le titre du présent article. Les autres pousseront un petit rire gêné, cherchant dans le silence impitoyable de leur chambre à se donner le change à eux-mêmes.

Soit, mais revenons à nos moutons. Qu'est-ce qu'un vieil archétype, tout d'abord ? Eh bien, c'est un schéma d'histoire usé jusqu'à la moelle, battu et rebattu, un peu comme les conversations météorologiques en maison de retraite ou le développement durable en séminaire d'entreprise. Des exemples simples : la vengeance, la conspiration, l'apocalypse, la descente aux enfers, etc.

Approfondissons un autre cas de figure. Si l'on vous parle d'un soldat/ancien GIGN/type normal dont la fille/femme/arrière-grand-mère se fait enlever par un communiste/nazi/roumain, et qui décide de partir en croisade pour la sauver, car le gouvernement/ses amis/les power rangers ne peuvent rien faire pour l'aider dans l'immédiat, nul doute que cela vous rappellera quelque chose.

Mais envisageons l'hypothèse où malgré tout, ce schéma narratif vous fascine et vous voulez l'employer. Il vous faudra alors vous différencier, afin d'éviter de se retrouver en confrontation directe avec des dizaines de milliers d'œuvres littéraires et cinématographiques. Comme dirait le vieux sage chinois, vous devez ajouter votre personal touch. Vous devez recycler le concept, vous l'approprier, le réinventer.

Dans l'exemple précédent, vous pouvez par exemple :
♦ donner plus d'ampleur en racontant comment un sultan va partir sauver les quatre-vingt-dix-huit femmes de son harem, y compris celles dont il ne se rappelle plus le nom ;
♦ mettre en scène le syndrome de Stockholm, menant la femme aimée, par amour pour son ravisseur, à tuer avec un sourire charmant son ancien amant lorsqu'enfin il la retrouve ;
♦ définir le héros comme un cul-de-jatte, et montrer comment sa seule et persévérante intelligence permettra de retrouver la personne enlevée, pas forcément très intacte mais ça c'est à vous de voir, après tout si elle devient handicapée moteur cela fait un appréciable point commun de plus en vue d'une union heureuse et durable ;
♦ transformer l'enlèvement en une manipulation perverse, le méchant étant en fait la personne enlevée et celui qu'on croyait le méchant la personne réellement enlevée (à ce train-là le héros partant en croisade peut fort bien être un condisciple du méchant donnant le change à d'éventuels détectives lancés sur l'affaire pour sauver le gentil enlevé).

Voilà, ce n'est pas si compliqué, mélangez les archétypes, modifiez-en les équations, surprenez le lecteur, à défaut d'obtenir un scénario plausible vous aurez la satisfaction d'avoir accouché d'un scénario unique.

Gustave Borjay vous salue.
 
Mais, si vous le voulez bien, retournons une nouvelle fois à nos moutons.

2 commentaires:

  1. On peut aussi imaginer que le ravisseur communiste se laisse convaincre de devenir un 5ème power-rangers (jaune devant...) !

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  2. Quelle imagination ! J'ai hâte de lire votre œuvre.

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